Dans l’expérimentation conduite par le National College of School Leadership anglais, le modèle de pratiques collaboratives a été élaboré à travers une distinction entre connaissances des praticiens (travaillant dans les unités éducatives), connaissances publiques (fournies par les théories et la recherche) et nouvelles connaissances (devant émerger grâce à la mise en réseau et l’enquête sur les pratiques). Chaque réseau d’apprentissage professionnel mettait en lien des personnes provenant de différents établissements en les intégrant dans une activité de développement professionnel continu mobilisant ces trois types de connaissances. Les enseignants étaient donc impliqués dans différents processus d’apprentissage. Ils devaient :
Apprendre les uns des autres : les individus capitalisent des connaissances sur leurs différences individuelles en partageant leurs expériences, leur expertise et leurs pratiques,
Apprendre avec les autres : les individus apprennent ensemble en discutant de ce qu’ils ont remarqué et retenu de leurs pratiques collaboratives d’enquête et de leur réflexion alimentée par les résultats de la recherche,
Apprendre à partir des autres : les individus apprennent à partir de leurs échanges avec les autres unités éducatives et les autres réseaux d’apprentissage professionnel,
: les individus apprennent en réfléchissant sur leurs propres processus d’apprentissage.
Certains groupes participent à la définition de l’architecture du réseau (notamment sa planification et son organisation) alors que d’autres sont plus fluides et plus adaptables (comme les groupes d’enquête ou de projet). Le réseau se développe au fur et à mesure que chacun trouve sa voie de développement professionnel et son placement dans différents groupes. La structure du réseau est révisée si besoin et elle n’est pas définie selon des critères institutionnels. La composition des groupes est mixte et elle comprend des enseignants, des assistants d’éducation, mais aussi des parents, des élèves, des membres de conseils d’administration. Chaque réseau se structure différemment en fonction du contexte local, des problèmes qui se posent aux unités éducatives, des possibilités d’accompagnement et de partenariat.
Des conclusions ont pu être tirées de cette expérimentation à grande échelle. Les réseaux d’apprentissage professionnel renforcent les cultures propres à chaque unité éducative en dynamisant les pratiques collaboratives en interne. L’ouverture des unités éducatives à d’autres connaissances professionnelles permet de créer une dynamique et de sortir de la routine en plaçant les enseignants et les équipes d’établissement ou d’école au cœur de l’innovation. Cette mise en réseau favorise des pratiques orientées vers la résolution de problèmes. Le développement professionnel des enseignants s’en trouve amélioré. En soutenant l’interactivité et la créativité entre ses membres, le réseau accroît aussi les possibilités de penser et de mettre en œuvre le changement. Les partenaires jouent aussi un rôle actif en accompagnant les unités éducatives par l’évaluation ou l’auto-évaluation, en conseillant les chefs d’établissements et les directeurs d’école, en réglant la coordination entre unités éducatives et réseaux. Ces fonctions de médiation sont essentielles de même que l’accompagnement par des « amis critiques ». La mise en réseau de l’apprentissage professionnel facilite la diffusion des innovations mais aussi d’autres approches de l’évaluation notamment le développement de l’enquête sur les pratiques. Enfin, cette configuration a démontré des progrès significatifs dans les résultats des élèves.
Source : Jackson, D., & Temperley, J. (2007). From professional learning community to networked learning community. Professional learning communities: Divergence, depth and dilemmas, 45-62.