Depuis 2001, des chercheurs ont contribué chaque année à un projet international sur la direction scolaire (the International Successful Principalship Projet (ISSPP)). Ils ont exploré à large échelle les caractéristiques et les pratiques des chefs d’établissement dirigeant des établissements en réussite en comparant sept pays : Australie, Canada, Chine, Danemark, Angleterre, Norvège et Suède. Le projet continue aujourd’hui avec plus de 20 pays impliqués et plus d’une centaine d’études de cas, mais aussi nombre de livres et d’articles publiés.
La plupart des chefs d’établissement ont été sélectionnés d’après les critères suivants :
La preuve d’une réussite des élèves au-delà des attentes mesurées par des tests ou des évaluations nationales
La réputation de chefs d’établissements exemplaires dans la communauté locale ou le système éducatif, ou d’après les rapports des collègues et des inspecteurs
Des indicateurs de réussite contextualisés : la réputation de l’établissement, les prix obtenus, etc.
La collecte des données inclue des entretiens individuels avec les cadres, les membres du conseil d’administration, les enseignants, les parents et les élèves. Des observations du travail des chefs d’établissement ont été aussi réalisés, avec une revisite au bout de 5 ans pour voir comment les choses avaient changé.
Voici la synthèse des résultats de recherche qui ont été obtenus :
Ces chefs d’établissement en réussite ont été capable d’avoir des attentes élevées au niveau collectif et individuel tout en voulant aider les personnes de l’établissement à faire de leur mieux plutôt que de se fixer uniquement sur des demandes de rendre compte externe
Les chefs d’établissement se sont intéressés à la fois aux conditions d’enseignement et à la mobilisation des équipes pédagogiques, particulièrement dans les contextes difficiles, en se souciant de la motivation et de l’accompagnement des enseignants de façon à améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage des élèves. Ils ont aussi souvent plus travaillé avec leurs collègues d’autres établissements pour influencer les pratiques pédagogiques et améliorer les contenus scolaires, la pédagogie et l’évaluation.
Ces chefs d’établissement ont cherché à valoriser la contribution des enseignants mais aussi des parents et des élèves en assumant un nouveau partage des rôles et des responsabilités à l’intérieur de l’organisation scolaire, étant attentifs à la fois à l’amélioration des résultats mais aussi à la promotion d’une éducation démocratique
Quatre pratiques centrales ont été observées parmi ces cadres : la capacité à fixer une direction, à développer les individus, à conduire le changement, et à améliorer l’enseignement et les apprentissages. Cela s’est accompagné d’une stratégie de résolution des problèmes, articulée à un ensemble des valeurs éthiques, à la construction de la confiance tout en demeurant visible dans l’établissement, à la construction d’un environnement sûr et protégé, à l’introduction de formes efficace de consignes à la communauté éducative, à la promotion de l’équité, de l’accompagnement et de la réussite.
Ces chefs d’établissement entretenaient une vision positive et partagée de ce qui est bon pour l’établissement scolaire, en donnant du sens et en mettant en récit l’expérience de la communauté éducative, tout en étant soucieux de développer des pratiques collaboratives en impliquant les individus autour d’une vision commune
Ils étaient aussi centrés sur les individus, concernés par leur développement personnel et professionnel, comme l’amélioration de leurs compétences collectives au service de l’établissement.
Ces chefs d’établissement étaient profondément respectés et capables de construire la confiance avec la communauté éducative. Ils agissaient selon des principes d’intégrité tout en étant transparent dans leurs valeurs, leurs croyances et leurs actions, agissant dans le sens de la justice tout en impliquant beaucoup d’individus dans la prise de décision.
Leurs compétences ont été développées au cours de leur expérience, par des apprentissages sur le tas, mais aussi à travers du mentorat et du soutien de la part de certains de leurs collègues, faisant d’eux des personnes en quête permanent d’innovation et de développement professionnel pour eux-mêmes
Ils développaient aussi des qualités , des croyances et des valeurs qui leur ont permis d’être des chefs d’établissement en réussite : perspicacité, optimisme, persistance, confiance, tolérance, empathie, vigilance, curiosité, résilience, bienveillance, honnêteté, et humilité.
Ils étaient sensibles au contexte de l’établissement et à sa culture, et soucieux d’arriver à un consensus pour améliorer l’établissement.
Source : Day, C., & Gurr, D. (Eds.). (2013). Leading schools successfully: Stories from the field. Routledge.