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Photo du rédacteurRomuald Normand

Une brève histoire de l’éducation finlandaise : la construction d’une société de consensus


Bien que relativement éloignée et dotée d’une population éparse, la Finlande, pays pauvre à l’origine, a développé ses institutions un peu plus tard que la moyenne des autres pays nordiques. L’académie de Turku (qui devient en 1828 l’université d’Helsinki alors qu’elle était déplacée), fut établie au 17e siècle, alors que la Finlande était sous le régime suédois. Quelques finlandais étudièrent en Europe et cela a conduit à la publication du premier abécédaire et à l’écriture du Nouveau Testament dans cette langue par Mikael Agricola, le fondateur de la littérature Finlandaise, au 16e siècle. Les voyages d’études à l’étranger, Suède, Danemark, Allemagne et Suisse entrepris par Uno Cygnaeus, le père fondateur du système finlandais d’éducation publique, conduisirent à l’établissement de l’enseignement élémentaire. Toutefois, il convient d’expliquer pourquoi la Finlande n’a pas suivi le chemin des autres nations agrariennes d’Europe de l’Est. Deux faits sont interreliés : la culture politico-administrative nordique et une tendance forte au consensus sociétal.

Tout d’abord, bien que faisant partie de l’Empire Russe pour une décennie, la Finlande a conservé sa culture politique et administrative suédoise. Alors que la Russie était surtout intéressée par le maintien de son accès la Baltique via le golfe de Finlande, et à la sécurisation de Saint Pétersbourg, elle accordait un régime de Grand-Duché à la Finlande tout en récupérant une partie du territoire suédois. La Finlande put maintenir sa religion protestante, comme sa langue officielle, le suédois, et conserva les institutions inspirées du gouvernement de Suède. La proclamation du Tsar Alexandre donnant au pays un statut national jeta les premières bases d’un réveil patriotique et de la construction de l’Etat-Nation.

Le coût fut toutefois élevé et, à la différence de ses voisins, la Finlande a dû construire son Etat-Nation dans une guerre civile entraînant la victoire des partis de Droite sur les partis de Gauche en faisant 40000 morts sur une population de moins de 3 millions d’habitants. Trois quarts étaient des « rouges » dont encore trois-quarts moururent dans des camps de prisonniers, et non sur le champ de bataille, en étant exécutés. La seconde guerre entraîna la Finlande contre la Russie soviétique dans une alliance avec le régime Nazi. Ces drames historiques ont conduit le pays à rechercher le consensus après la seconde guerre mondiale tout en maintenant une politique de négociation subtile avec son puissant voisin l’Union Soviétique.

Deuxièmement, la poursuite de ce consensus national est fortement liée à la culture nordique. Il faut remarquer que, malgré quelques épisodes historiques dramatiques, la rébellion a été un événement plutôt rare dans l’histoire finlandaise, mis à part quelques petites révoltes agraires. La tendance depuis le 17e siècle a été d’évoluer doucement vers des processus institutionnels et législatifs dans une approche pacifique et une atmosphère de coopération au sein de l’appareil d’Etat. Le développement du système éducatif moderne s’est fait donc à travers le développement de la bureaucratie de l’Etat-providence. Cette construction reflète particulièrement l’esprit de confiance dans les institutions sociales du peuple finlandais mais aussi une confiance dans l’Etat pour conduire les réformes. Cela s’est affirmé également par un corporatisme assumé, reconnaissant la légitimité des groupes d’intérêt, toujours selon une perspective de coopération et de stabilité mettant à distance les conflits.

Source : https://www.cfcpe-edu.org/une-breve-histoire-de-leducation-finlandaise-la-construction-dune-societe-de-consensus

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