Au cours des dernières années, de nouveaux programmes scolaires ont été mis en œuvre à Singapour pour l’enseignement des mathématiques. Le cadre curriculaire a été mis en œuvre pour l’enseignement primaire et secondaire en 2007 et il a fait l’objet d’une révision en 2013. Il est aligné sur les niveaux requis pour l’examen de Cambridge. L’objectif est d’aborder de nombreux aspects des mathématiques dans les activités quotidiennes des élèves, comme donner du sens à l’information dans les journaux jusqu’à prendre des décisions informées sur la gestion de ses finances personnelles. Il est attendu le développement des apprentissages dans de nombreux champs d’études, comme les sciences ou l’économie, et la compréhension des principes de base essentiels comme le calcul, la mesure, l’interprétation graphique, l’analyse statistique.
L’apprentissage des mathématiques est aussi considéré par les documents officiels comme un véhicule excellent pour former l’esprit, les capacités logiques, le sens de l’abstraction, la critique et la réflexivité. Il permet de préparer aussi les élèves à un apprentissage tout au long de la vie.
Le programme au niveau du secondaire est divisé en 5 chapitres : introduction ; cadre pour les mathématiques ; enseignement, apprentissage et évaluation ; programmes pour le niveau 0 de l’examen de Cambridge : programme pour le niveau N(A) de l’examen de Cambridge. Les objectifs explicites sont donnés dès l’introduction : permettre aux élèves de :
- Développer les compétences cognitives et métacognitives à travers une approche mathématique de résolution de problèmes
- Développer une attitude positive à l’égard des mathématiques
Le chapitre 2 fournit un cadre dénommé « Pentagone » qui se centre sur la résolution de problèmes et inclut cinq composantes liées : concepts, compétences, processus, attitudes et métacognition pour lesquels une explication est fournie :
- Les concepts mathématiques peuvent être groupés en concepts numériques, algébriques, géométriques, statistiques, probabilistes, et analytiques
- Les compétences mathématiques renvoient au calcul numérique, à la manipulation algébrique, à la visualisation spatiale, à l’analyse de données, à la mesure, à l’usage des outils mathématiques, et à l’estimation
- Les processus mathématiques renvoient aux compétences processuelles impliquées dans les procédures d’acquisition et d’application des connaissances mathématiques. Cela comprend le raisonnement, la communication, l’établissement de connections, l’application et la modélisation, et les compétences de raisonnement et heuristiques qui sont importantes pour les mathématiques et au-delà
- La métacognition, ou la réflexion sur le raisonnement, renvoie à l’attention et la capacité de contrôler son propre processus de réflexion, particulièrement dans la sélection et l’usage des stratégies de résolution de problèmes. Cela comprend le contrôle de sa propre réflexion et l’auto-régulation de son apprentissage
- Les attitudes renvoient aux aspects affectifs de l’apprentissage des mathématiques comme : les croyances sur les mathématiques et leur utilité, l’intérêt et le plaisir à apprendre les mathématiques, l’appréciation de la beauté et du pouvoir des mathématiques, la confiance dans l’usage des mathématiques, la persévérance dans la résolution d’un problème
Le chapitre 3 souligne les principes de l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques et le rôle de l’évaluation.
Le chapitre 4 décrit les standards obligatoires que les élèves doivent atteindre pour être jugé compétents en mathématiques.
Du point de vue du cadre « Pentagone », toutes les composantes sont interreliées et dépendantes les unes des autres : connaissances, compétences, habiletés, convictions à acquérir par les élèves. Elles correspondent à différents types de compétences à développer :
- Compréhension conceptuelle (concepts)
- Aisance procédurale (compétences)
- Raisonnement adaptif (processus)
- Disposition productive (attitudes)
- Compétence stratégique (métacognition)
La première compétence (compréhension conceptuelle) est définie comme la compréhension des conceptions, opérations et relations mathématiques, c’est-à-dire la possibilité pour les élèves d’établir des connexions entre de nouvelles idées mathématiques et leurs acquis.
L’aisance procédurale renvoie aux compétences utilisées pour conduire des procédures de manière flexible, juste, efficience et appropriée dans le calcul numérique, la manipulation algébrique, la visualisation spatiale, l’analyse de données, la mesure, l’usage des outils mathématiques, et estimation.
Le « raisonnement adaptatif » renvoie à la capacité des élèves pour le raisonnement logique, la réflexion, l’explication, et la justification. C’est à la fois l’analyse des situations mathématiques et la construction d’arguments logiques. La « disposition productive » correspond aux attitudes, c’est-à-dire à l’inclination habituelle pour reconnaître les mathématiques comme sensibles, utiles, valables, couplé avec la croyance en sa propre diligence et efficacité personnelle.
La dernière « compétence stratégique » correspond à la capacité des élèves de formuler, se représenter, et résoudre les problèmes mathématiques avec l’attention et l’habilité nécessaire pour contrôle leur propre processus de réflexion, particulièrement en sélectionnant et en utilisant des stratégies de résolution de problèmes.
Dans la série des posts sur Singapour:
L’éducation à Singapour a toujours été étroitement liée aux impératifs économiques et sociétaux. Pour avoir une meilleure appréciation des phases de carrière des chefs d’établissement dans le système éducatif de Singapour, il est nécessaire de définir l’évolution des paradigmes de l’éducation au cours des 50 dernières années depuis l’indépendance de Singapour en 1965. Historiquement, Singapour était une colonie commerciale britannique de 1819 à 1940 avant d’être sous l’occupation japonaise de 1941 à 1945.
Lorsque Singapour est devenue indépendante en 1965, le nouveau gouvernement s'est lancé dans une mission urgente : rassembler des gens de langue et de religion diverses pour entamer le processus de construction de la nation. Les défis étaient alors multiples, notamment le manque de ressources naturelles, l'absence de commerce d'exportation, le manque de main-d'œuvre qualifiée et un faible niveau d'instruction et de compétences. Il était alors urgent dans le système éducatif de fusionner les filières d'enseignement en un seul système national.
Phase trois : une politique éducative centrée sur les compétences (1997-2011) Cette phase correspond au passage d'une éducation centrée sur l'efficacité à celle d'un paradigme éducatif centré sur les compétences. Vers la fin des années 1990, plusieurs stratégies clés ont été mises en oeuvre. La plus importante est le lancement en 1997 par le ministère de l'Éducation d’un slogan " Penser les écoles, nation apprenante " avec l’objectif d'orienter le système éducatif afin de développer une société innovante pour le nouveau millénaire.
Phase quatre : une politique centrée sur l'élève et guidée par des valeurs (2012-aujourd'hui) Après le discours historique de l'ancien ministre de l'Éducation Heng en 2012, l'accent a été mis sur la nécessité de rééquilibrer les priorités éducatives. Pour atténuer les problèmes découlant de l'insistance jugée malsaine sur les résultats scolaires, le classement annuel des écoles a été supprimé et il a été décidé ne pas rendre public les scores les plus élevés et les plus faibles aux examens nationaux.
A Singapour, beaucoup de conseils et d’associations ont travaillé avec le gouvernement, comme avec le Conseil National de la Recherche, pour mettre en œuvre un projet de développement des compétences à l’enseignement et l’évaluation pour les enseignants au XXIe siècle. Le cadre élaboré donne une place fondamentale à trois domaines de compétences : cognitives, interpersonnelles, et interpersonnelles, notamment pour cette dernière les compétences à collaborer et à communiquer verbalement et visuellement. Il définit aussi des compétences que l’élève doit posséder pour devenir une personne confiante, un apprenant auto-dirigé, un contributeur actif, et un citoyen concerné.
L’Asie possède une longue tradition d’usage des examens pour sélectionner ses fonctionnaires et aussi les talents au sein de différentes professions. La Chine fut le premier pays à utiliser les tests pour sélectionner ses fonctionnaires et les examens impériaux ont été très tôt associés à la formation d’une élite. Ce modèle s’est diffusé auprès d’autres pays comme le Vietnam, la Corée ou le Japon qui dont adoptés aussi des principes confucéens. Comme les pays anglo-saxons, ces pays ont engagé depuis plusieurs décennies des réformes pour évaluer les élèves.
A Singapour, de nouveaux programmes scolaires en sciences ont été mis en œuvre depuis l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Depuis 2013, l’enseignement se centre sur les compétences pour le XXIe siècle et la littératie scientifique en renouvelant les modes d’évaluation et les conditions d’apprentissage. L’idée est de cultiver chez les élèves la perception des sciences en les engageant dans des questions scientifiques en lien avec leur expérience dans la société et l’environnement. I
A Singapour, une bureaucratie centralisée s’exerce sur le système éducatif comme autorité centrale qui maintient un système d’évaluation centralisé et planifié appliqué à l’ensemble des établissements scolaires. Ce cadre commun est géré par une direction de l’évaluation au sein du ministère de l’éducation. Les élèves passent les mêmes examens nationaux sans considération de leur statut ethnique ou socio-économique. Leur réussite et leur accès dans l’enseignement supérieur sont évalués au regard de ces examens selon une conception méritocratique. Le ministère a toutefois cherché à développer de nouvelles pratiques d’évaluation dans les classes pour « enseigner moins, et apprendre davantage »
Le ministère de l’éducation à Singapour encourage et soutient chaque établissement scolaire pour qu’il devienne une communauté d’apprentissage professionnel respectant les caractéristiques suivantes : un leadership partagé et accompagnateur, une vision scolaire, des missions, des valeurs et des buts, une orientation vers l’action et l’expérimentation, une forte culture de l’apprentissage et de l’enquête, une communauté fondée sur la confiance et l’engagement, et de bonnes conditions d’accompagnement.
Faisant suite au discours du premier ministre singapourien « Enseignez moins, apprendre davantage », le ministère de l'éducation a créé un comité de pilotage pour explorer la manière dont il pouvait mettre en œuvre ces objectifs. L'équipe a consulté beaucoup d'enseignants, chefs d'établissement, formateurs à l’Institut National d’Education. Elle a organisé des voyages de mission dans différents pays. Entre 2004 et 2007, cette large consultation a permis au comité de traduire les objectifs en trois cadres opérationnels. Un premier cadre intitulé « Enseignez moins, apprendre plus », une boite à outils « Démarrez ! », et le cadre PETALS. Ces cadres ont permis de traduire les attentes générales
Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.
Le cadre EPIIC utilisé à Singapour vise à développer la formation des enseignants pour qu’ils développent leurs compétences expérientielles (E), participatives (P), fondées sur l’enquête (I-Inquiry-based), riches en images (Image-Rich), connectées (C). Expérience Le modèle EPIIC s’appuie sur une conception de l’apprentissage expérientiel à travers lequel les enseignants chinois doivent développer une expérimentation active et une observation réflexive. Il s’agit moins d’apprendre de l’expérience que d’apprendre en réfléchissant à l’expérience.
A Singapour, l’Institut National de l’Education a conçu un E-portfolio inscrit dans un programme d’enquête sur la pratique professionnelle pour les futurs enseignants. Il doit les aider à; 1) s’approprier leur apprentissage et le mettre au service de leur enseignant tout en se développant eux-mêmes; 2) cristalliser l’identité enseignante autour de valeurs clés sur l’enseignement et la manière d’être enseignant; 3) construire une carte conceptuelle de ce qu’il apprend et enseigne sous l’égide de l’Institut afin d’avoir une approche intégrée; 4) enquêter sur sa propre pratique pour développer sa capacité à utiliser la recherche et la théorie pour approfondir ses connaissances
En 1997, Le ministre Go à Singapour prononçait un discours sur le thème « Penser les écoles, Une nation apprenante » qui faisait suite à une publication de 1987 « Vers l'excellence en éducation », laquelle avait marqué le début des réformes de l'éducation singapourienne en réponse aux enjeux de la globalisation. S’était amorcé un processus de décentralisation donnant plus d’autonomie au niveau des établissements scolaires avec la création d’unités éducatives autonomes. Ce mouvement a donné plus de liberté pédagogique aux établissements en leur permettant de mieux s’adapter localement. Le mouvement a été renforcé par l’initiative gouvernementale « Enseigner moins, apprendre davantage ».
Au cours des dernières années, de nouveaux programmes scolaires ont été mis en œuvre à Singapour pour l’enseignement des mathématiques. Le cadre curriculaire a été mis en œuvre pour l’enseignement primaire et secondaire en 2007 et il a fait l’objet d’une révision en 2013. Il est aligné sur les niveaux requis pour l’examen de Cambridge. L’objectif est d’aborder de nombreux aspects des mathématiques dans les activités quotidiennes des élèves, comme donner du sens à l’information dans les journaux jusqu’à prendre des décisions informées sur la gestion de ses finances personnelles.
En 2012, le ministère de l'Éducation de Singapour a annoncé que le pays avait atteint son objectif de 33 000 enseignants, soit trois ans plus tôt que prévu. Il s'agit là d'une nouvelle étape dans le parcours de la nation, qui est passée d'une " éducation axée sur la survie " à une éducation axée sur les compétences ". Le paradigme actuel qui régit les pratiques et l'innovation en matière d'éducation à Singapour met l'accent sur " une éducation centrée sur l'élève et axée sur les valeurs". Elle repose sur " la conviction profonde que chaque enfant peut apprendre - non seulement à l'école mais pour le reste de sa vie ".
A Singapour, le parcours universitaire est l’une des voies les plus usuelles pour le développement des connaissances et compétences des enseignants par une préparation supplémentaire et des cours théoriques au niveau master et doctorat. Pour cela, ont été créées plusieurs filières pour soutenir les études supérieures des cadres intermédiaires des établissements scolaires. Premièrement, en juillet 2007, l'Institut National de l'Education (NIE) a lancé le programme Management and Leadership dans les Etablissements Scolaires (MLS).
Une multiplicité des parcours pour le développement professionnel des enseignants à Singapour (III).
Le parcours à l’échelle de l’établissement scolaire est la réponse apportée par les autorités de Singapour à la gestion des ressources humaines parmi les enseignants pour que les enseignants expérimentés connaissent une progression de carrière sans pour autant quitter la classe. Bien sûr, l’attachement de la carrière à une rémunération au mérite demeure une question controversée parce qu’on ne sait pas très bien comment mesurer le mérite.
Le parcours ministériel ne doit pas être considérée comme un parcours distinct du leadership pour le personnel enseignant, mais plutôt comme un élément du continuum dans les voies d’accès au leadership. Ainsi, les enseignants qui suivent ce parcours viennent généralement de l'une des deux autres parcours décrits dans les posts précédents.
Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.
Malgré les multiples initiatives de réforme visant à encourager la vision pédagogique du « enseigner moins, apprendre davantage », la pratique pédagogique dans les salles de classe de Singapour est restée traditionnelle, largement axée sur l'enseignement du contenu des programmes et la performance aux examens. Il y a très peu de preuves d'un enseignement réflexif, utilisant de manière significative les TIC, centré sur l’apprentissage des élèves. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas eu d'innovations dans les programmes scolaires. En fait, au cours des dernières années, a été mise en oeuvre une vague d'innovations curriculaires et pédagogiques dans un grand nombre d'écoles