Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.
Des ateliers ou des séminaires d’une demi-journée, d’un ou deux jours, entre 12 heures et 39 heures, pour le développement professionnel sont très populaires parmi les enseignants qui recherchent des sessions courtes avec des effets immédiats sur la pratique. Bien que l’Institut National d’Education offre la majorité des cours qui excèdent 12 heures, il y aussi beaucoup d’autres institutions ou organisations notamment privées qui fournissent des ateliers ou séminaires à durée courte pour le développement professionnel.
L’institut national offre des ateliers ou des formations pouvant aller jusqu’à 39 heurs avec des universitaires étrangers qui sont spécialement engagé pour ce travail.
Des organisations professionnelles comme la Société de Mathématiques de Singapour et l’Association des Educateurs en Mathématiques organise des conférences et des séminaires en mélangeant judicieusement experts étrangers, locaux, et enseignants praticiens. Ces conférences et séminaires fournissent une plateforme pour apprendre de la recherche mais aussi des expériences dans une perspective réflexive et critique.
La division de la planification et du développement des programmes scolaires organise aussi des formations avec des spécialistes des contenus scolaires et d’autres experts. Ils correspondent généralement aux réformes des programmes et permettent aux enseignants d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Des réseaux d’école s’auto-organisent pour mettre en place des sessions de formation en partageant l’expertise des enseignants expérimentés et des experts locaux ou étrangers.
Bien que les enseignants disposent d’une grande flexibilité pour organiser leur développement personnel selon leurs besoins en prenant des cours de courte durée, des programmes plus structurés permettent de renforcer leur spécialisation jusqu’au niveau du doctorat en les rapprochant de la recherche académique. Les enseignants ont alors la possibilité d’obtenir des diplômes avancés qui sont déterminants pour leur carrière. Ils sont aussi encouragés à s’engager dans des recherches-action.
Pour amener les enseignants à collaborer au niveau de l’établissement scolaire, une initiative qualifiée d’ «espace blanc » a été introduite. C’est un temps dédié qui permet aux enseignants de se rencontrer pour planifier et discuter de leurs pratiques d’enseignement. Elle constitue une structure pour le travail collaboratif entre enseignant à l’échelle de l’établissement qui a été ensuite complétée par la création d’un cadre de Communautés d’Apprentissage Professionnel encourageant la formation d’équipes apprenantes dans chaque unité éducative. Ces équipes peuvent choisir entre une diversité de méthodes ou outils collaboratifs comme des cercles apprenants, de la recherche-action, l’étude de la leçon, pour améliorer leurs pratiques dans l’enseignement des disciplines scolaires et de la pédagogie.
Une Académie des Enseignants de Singapour a été créée, dirigée par des « maîtres enseignants » avec l’objectif d’améliorer les exigences professionnelles dans l’enseignement des mathématiques, de faciliter la collaboration et le réseautage entre enseignants, et de construire une culture du professionnalisme, de la fierté et de la fraternité entre les enseignants de mathématiques.
Suite à ces initiatives, les enseignants de mathématiques ont été fortement engagés dans un nouveau développement professionnel autour de 3 grands objectifs : améliorer l’apprentissage des élèves, construire une culture de la collaboration, et prendre en compte 4 dimensions critiques relatives à la réussite scolaire : qu’est-ce que nous attendons de nos élèves en termes d’apprentissage ? comment serons-nous quand ils auront appris ? comment répondrons-nous s’ils n’apprennent pas ? Comment répondrons-nous s’ils savent déjà ?
Un premier exemple concerne des enseignants de mathématiques qui partent des résultats des élèves et travaillent systématiquement et de manière collaborative pendant une certaine période de temps à partir de ressources comme des lectures (articles de recherche, livres, matériel en ligne, etc) et de sessions de formation pour élargir leur base de connaissances et leurs compétences pédagogiques de façon à améliorer leurs pratiques de l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques.
Un deuxième exemple concerne des enseignants experts en mathématiques qui sont responsables du développement professionnel des autres enseignants dans leur établissement et d’autres établissements. Les enseignants apprennent les uns des autres grâce à la participation à une communauté d’apprentissage professionnel et un projet de recherche. Le projet est financé par l’Académie et conduit par l’Institut National de l’Education. C’est un projet construit au niveau de l’école, permettant à des équipes de se joindre pour intégrer de nouvelles connaissances et les transférer dans leurs pratiques dans la classe.
D’autres projets conduits par le centre de recherche sur la pédagogie et la pratique de l’Institut National en Education permettent d’améliorer les compétences de raisonnement et de communication des enseignants, en impliquant des enseignants du primaire et du secondaire dans des mêmes dispositifs de formation, et en se souciant de l’impact des connaissances acquises sur les pratiques effectives de classe. Les enseignants sont invités à discuter entre eux, à s’échanger leurs difficultés et problèmes, à partager leurs connaissances et expériences sans cadrage préalable.
D’autres projets impliquent des réseaux d’établissements qui impliquent plusieurs groupes d’enseignants de mathématiques en provenance de différents établissements pour développer des pratiques d’évaluation en mathématiques ou pour tester des expérimentations pédagogiques d’une classe à l’autre. Les échanges se font à travers des conférences pédagogiques et des ateliers.
Un troisième exemple est l’étude de la leçon par des enseignants qui observent la pratique d’un enseignant expérimenté qui teste une expérimentation pédagogique en mathématiques dans sa classe. Le ministère de l’éducation de Singapour s’est inspiré pour cela des expériences conduites au Japon en considérant que c’était un bon moyen de renforcer le mentorat entre enseignants expérimentés et novices.
Source : Kaur, B., Kwon, O. N., & Leong, Y. H. (Eds.). (2016). Professional Development of Mathematics Teachers: An Asian Perspective. Springer.
Dans la série des posts sur Singapour:
L’éducation à Singapour a toujours été étroitement liée aux impératifs économiques et sociétaux. Pour avoir une meilleure appréciation des phases de carrière des chefs d’établissement dans le système éducatif de Singapour, il est nécessaire de définir l’évolution des paradigmes de l’éducation au cours des 50 dernières années depuis l’indépendance de Singapour en 1965. Historiquement, Singapour était une colonie commerciale britannique de 1819 à 1940 avant d’être sous l’occupation japonaise de 1941 à 1945.
Les développements du système éducatif à Singapour (I)Lorsque Singapour est devenue indépendante en 1965, le nouveau gouvernement s'est lancé dans une mission urgente : rassembler des gens de langue et de religion diverses pour entamer le processus de construction de la nation. Les défis étaient alors multiples, notamment le manque de ressources naturelles, l'absence de commerce d'exportation, le manque de main-d'œuvre qualifiée et un faible niveau d'instruction et de compétences. Il était alors urgent dans le système éducatif de fusionner les filières d'enseignement en un seul système national.
Phase trois : une politique éducative centrée sur les compétences (1997-2011) Cette phase correspond au passage d'une éducation centrée sur l'efficacité à celle d'un paradigme éducatif centré sur les compétences. Vers la fin des années 1990, plusieurs stratégies clés ont été mises en oeuvre. La plus importante est le lancement en 1997 par le ministère de l'Éducation d’un slogan " Penser les écoles, nation apprenante " avec l’objectif d'orienter le système éducatif afin de développer une société innovante pour le nouveau millénaire.
Phase quatre : une politique centrée sur l'élève et guidée par des valeurs (2012-aujourd'hui) Après le discours historique de l'ancien ministre de l'Éducation Heng en 2012, l'accent a été mis sur la nécessité de rééquilibrer les priorités éducatives. Pour atténuer les problèmes découlant de l'insistance jugée malsaine sur les résultats scolaires, le classement annuel des écoles a été supprimé et il a été décidé ne pas rendre public les scores les plus élevés et les plus faibles aux examens nationaux.
A Singapour, beaucoup de conseils et d’associations ont travaillé avec le gouvernement, comme avec le Conseil National de la Recherche, pour mettre en œuvre un projet de développement des compétences à l’enseignement et l’évaluation pour les enseignants au XXIe siècle. Le cadre élaboré donne une place fondamentale à trois domaines de compétences : cognitives, interpersonnelles, et interpersonnelles, notamment pour cette dernière les compétences à collaborer et à communiquer verbalement et visuellement. Il définit aussi des compétences que l’élève doit posséder pour devenir une personne confiante, un apprenant auto-dirigé, un contributeur actif, et un citoyen concerné.
L’Asie possède une longue tradition d’usage des examens pour sélectionner ses fonctionnaires et aussi les talents au sein de différentes professions. La Chine fut le premier pays à utiliser les tests pour sélectionner ses fonctionnaires et les examens impériaux ont été très tôt associés à la formation d’une élite. Ce modèle s’est diffusé auprès d’autres pays comme le Vietnam, la Corée ou le Japon qui dont adoptés aussi des principes confucéens. Comme les pays anglo-saxons, ces pays ont engagé depuis plusieurs décennies des réformes pour évaluer les élèves.
A Singapour, de nouveaux programmes scolaires en sciences ont été mis en œuvre depuis l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Depuis 2013, l’enseignement se centre sur les compétences pour le XXIe siècle et la littératie scientifique en renouvelant les modes d’évaluation et les conditions d’apprentissage. L’idée est de cultiver chez les élèves la perception des sciences en les engageant dans des questions scientifiques en lien avec leur expérience dans la société et l’environnement. I
A Singapour, une bureaucratie centralisée s’exerce sur le système éducatif comme autorité centrale qui maintient un système d’évaluation centralisé et planifié appliqué à l’ensemble des établissements scolaires. Ce cadre commun est géré par une direction de l’évaluation au sein du ministère de l’éducation. Les élèves passent les mêmes examens nationaux sans considération de leur statut ethnique ou socio-économique. Leur réussite et leur accès dans l’enseignement supérieur sont évalués au regard de ces examens selon une conception méritocratique. Le ministère a toutefois cherché à développer de nouvelles pratiques d’évaluation dans les classes pour « enseigner moins, et apprendre davantage »
Le ministère de l’éducation à Singapour encourage et soutient chaque établissement scolaire pour qu’il devienne une communauté d’apprentissage professionnel respectant les caractéristiques suivantes : un leadership partagé et accompagnateur, une vision scolaire, des missions, des valeurs et des buts, une orientation vers l’action et l’expérimentation, une forte culture de l’apprentissage et de l’enquête, une communauté fondée sur la confiance et l’engagement, et de bonnes conditions d’accompagnement.
Faisant suite au discours du premier ministre singapourien « Enseignez moins, apprendre davantage », le ministère de l'éducation a créé un comité de pilotage pour explorer la manière dont il pouvait mettre en œuvre ces objectifs. L'équipe a consulté beaucoup d'enseignants, chefs d'établissement, formateurs à l’Institut National d’Education. Elle a organisé des voyages de mission dans différents pays. Entre 2004 et 2007, cette large consultation a permis au comité de traduire les objectifs en trois cadres opérationnels. Un premier cadre intitulé « Enseignez moins, apprendre plus », une boite à outils « Démarrez ! », et le cadre PETALS. Ces cadres ont permis de traduire les attentes générales
Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.
Le cadre EPIIC utilisé à Singapour vise à développer la formation des enseignants pour qu’ils développent leurs compétences expérientielles (E), participatives (P), fondées sur l’enquête (I-Inquiry-based), riches en images (Image-Rich), connectées (C). Expérience Le modèle EPIIC s’appuie sur une conception de l’apprentissage expérientiel à travers lequel les enseignants chinois doivent développer une expérimentation active et une observation réflexive. Il s’agit moins d’apprendre de l’expérience que d’apprendre en réfléchissant à l’expérience.
A Singapour, l’Institut National de l’Education a conçu un E-portfolio inscrit dans un programme d’enquête sur la pratique professionnelle pour les futurs enseignants. Il doit les aider à; 1) s’approprier leur apprentissage et le mettre au service de leur enseignant tout en se développant eux-mêmes; 2) cristalliser l’identité enseignante autour de valeurs clés sur l’enseignement et la manière d’être enseignant; 3) construire une carte conceptuelle de ce qu’il apprend et enseigne sous l’égide de l’Institut afin d’avoir une approche intégrée; 4) enquêter sur sa propre pratique pour développer sa capacité à utiliser la recherche et la théorie pour approfondir ses connaissances
En 1997, Le ministre Go à Singapour prononçait un discours sur le thème « Penser les écoles, Une nation apprenante » qui faisait suite à une publication de 1987 « Vers l'excellence en éducation », laquelle avait marqué le début des réformes de l'éducation singapourienne en réponse aux enjeux de la globalisation. S’était amorcé un processus de décentralisation donnant plus d’autonomie au niveau des établissements scolaires avec la création d’unités éducatives autonomes. Ce mouvement a donné plus de liberté pédagogique aux établissements en leur permettant de mieux s’adapter localement. Le mouvement a été renforcé par l’initiative gouvernementale « Enseigner moins, apprendre davantage ».
Au cours des dernières années, de nouveaux programmes scolaires ont été mis en œuvre à Singapour pour l’enseignement des mathématiques. Le cadre curriculaire a été mis en œuvre pour l’enseignement primaire et secondaire en 2007 et il a fait l’objet d’une révision en 2013. Il est aligné sur les niveaux requis pour l’examen de Cambridge. L’objectif est d’aborder de nombreux aspects des mathématiques dans les activités quotidiennes des élèves, comme donner du sens à l’information dans les journaux jusqu’à prendre des décisions informées sur la gestion de ses finances personnelles.
En 2012, le ministère de l'Éducation de Singapour a annoncé que le pays avait atteint son objectif de 33 000 enseignants, soit trois ans plus tôt que prévu. Il s'agit là d'une nouvelle étape dans le parcours de la nation, qui est passée d'une " éducation axée sur la survie " à une éducation axée sur les compétences ". Le paradigme actuel qui régit les pratiques et l'innovation en matière d'éducation à Singapour met l'accent sur " une éducation centrée sur l'élève et axée sur les valeurs". Elle repose sur " la conviction profonde que chaque enfant peut apprendre - non seulement à l'école mais pour le reste de sa vie ".
A Singapour, le parcours universitaire est l’une des voies les plus usuelles pour le développement des connaissances et compétences des enseignants par une préparation supplémentaire et des cours théoriques au niveau master et doctorat. Pour cela, ont été créées plusieurs filières pour soutenir les études supérieures des cadres intermédiaires des établissements scolaires. Premièrement, en juillet 2007, l'Institut National de l'Education (NIE) a lancé le programme Management and Leadership dans les Etablissements Scolaires (MLS).
Une multiplicité des parcours pour le développement professionnel des enseignants à Singapour (III).
Le parcours à l’échelle de l’établissement scolaire est la réponse apportée par les autorités de Singapour à la gestion des ressources humaines parmi les enseignants pour que les enseignants expérimentés connaissent une progression de carrière sans pour autant quitter la classe. Bien sûr, l’attachement de la carrière à une rémunération au mérite demeure une question controversée parce qu’on ne sait pas très bien comment mesurer le mérite.
Le parcours ministériel ne doit pas être considérée comme un parcours distinct du leadership pour le personnel enseignant, mais plutôt comme un élément du continuum dans les voies d’accès au leadership. Ainsi, les enseignants qui suivent ce parcours viennent généralement de l'une des deux autres parcours décrits dans les posts précédents.
Pour accompagner la vision “Enseigner moins, apprendre davantage », tous les enseignants à Singapour ont pu bénéficier de 100 heures de formation et de cours leur permettant de mettre à niveau leurs connaissances et compétences. Ce développement professionnel est financé par le ministère de l’éducation pour soutenir les trajectoires professionnelles des enseignants selon un système de management et d’évaluation de la performance qui conduit à distinguer les enseignants selon la qualité de leur enseignement, leur degré d’expertise et leur leadership.
Malgré les multiples initiatives de réforme visant à encourager la vision pédagogique du « enseigner moins, apprendre davantage », la pratique pédagogique dans les salles de classe de Singapour est restée traditionnelle, largement axée sur l'enseignement du contenu des programmes et la performance aux examens. Il y a très peu de preuves d'un enseignement réflexif, utilisant de manière significative les TIC, centré sur l’apprentissage des élèves. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas eu d'innovations dans les programmes scolaires. En fait, au cours des dernières années, a été mise en oeuvre une vague d'innovations curriculaires et pédagogiques dans un grand nombre d'écoles